MESSAGE — 18h03

Ce soir, 20h. Restaurant “Les Arômes”, juste à côté de la maison que j’ai réservée pour nous. Je passe te chercher à 19h30. Sois audacieuse dans tes choix …

Un message simple. Pas d’explications, pas d’émoticône, juste l’essentiel. Une proposition qui n’en est pas vraiment une, et ce petit avertissement final, glissé comme une évidence : choisis bien. Pas le menu. Pas la robe. Tout.

À 19h27, je suis déjà devant la maison. J’ai coupé le moteur, laissé la voiture tourner un instant sur son propre silence. J’observe l’entrée, dans l’attente suspendue de ce moment que je connais déjà… et que j’attends pourtant comme un adolescent avant un premier rendez-vous.

Puis tu apparais Et là, tout bascule.

Tu marches lentement, comme si tu glissais sur l’air. Tes cheveux ondulent à chacun de tes pas , le soleil couchant faisant hommage à ta peau doucement hâlé et ton rouge à lèvre vif captive mon regard tant il me donne envie de t’embrasser sans attendre.Ta robe noire s’ouvre juste assez à chaque pas pour dévoiler ce qu’elle prétend cacher. La fente est haute. Très haute. elle dévoile ta peau bronzée avec une perfection troublante attirant mon regard magnétiquement. Ton collier est là, celui qui symbolise notre pacte mais ce soir, un nouveau détail :  à ta cheville trône une fine chaîne dorée dont la maille rappelle celle du collier, légère, élégante, mais loin d’être anodine, dans notre monde, les détails sont des cris silencieux.

“Tu es incroyable… Tu sais toujours me surprendre et j’adore ça…”

J’ouvres la portière passager et tu montes dans la voiture sans un mot, le mouvement fluide, maîtrisé. Tu t’assieds, croises les jambes avec une lenteur étudiée. Ton parfum envahit l’habitacle , mélange de fragrance et de ta peau. Et lorsque je prend place je ne peux que me laisser enivrer par lui :  j’ai beau le connaître par cœur il me trouble toujours autant.

“Bonsoir” souffles-tu paré de ton sourire le plus charmeur, le silence à mon imaginaire.

“Bonsoir” te répond-je dans un sourire avant de démarrer la voiture et partir.

Le trajet est court, mais chaque seconde est pleine. Je pourrais parler, mais je n’en ai pas envie. Pas encore. Le silence entre nous n’est pas vide. Il est plein de sous-entendus, de souvenirs, de choses que nous n’avons pas besoin de dire. Nos mains s’effleurent , parfois tes doigts s’enroulent autour des miens , mais nous savons qu’en dehors des hôtels ou maisons que nous utilisons , nous ne pouvons pas signifier de manière visible le désir que nous avons l’un pour l’autre , juste au cas où… Et pourtant.. sur ces quelques minutes de route , je m’imagine mille fois glisser ma main sur ta cuisse , remonter jusqu’à ta chatte , la caresser aussi lentement que je peux conduire pour profiter de cette provocation gratuite mais si excitante… 

Devant le restaurant, je coupe le moteur. Je descends, fais le tour, t’ouvre la portière. Tu sors comme on entre en scène. Avec une présence qu’on ne peut pas ignorer. Et moi, je suis juste là. Spectateur privilégié de ce que tu choisis de m’offrir. On nous accueille avec soin. Une table nous attend, légèrement en retrait, avec vue sur la Méditerranée. Lumière douce, nappes immaculées, bougies. Je t’aide à retirer ton manteau, puis je te laisse t’asseoir. La robe épouse tes gestes, se glisse sur la chaise, te découvre subtilement, juste assez pour que je devine la dentelle qui borde le haut de ta cuisse.

Ton regard glisse partout dans la pièce et même si je sais que tu apprécies le cadre et la vue , c’est surtout pour être certaine de ne pas croiser un visage connu qui nous obligerait à plus encore jouer la comédie et ne montrer aucun signe particulier d’attirance.

“Ne t’en fais pas trop, j’ai demandé explicitement à ce que notre table soit à l’écart pour que personne ne vienne troubler cet instant”

“Je sais.. mais deux précautions valent mieux qu’une non ?” me réponds tu dans un sourire

Ton pied vient effleurer le mien tandis que tu t’installes confortablement dans la chaise alors que le serveur nous apporte la carte.

“Désirez vous un apéritif ou un cocktail pour débuter ?” demande-t’il ?

“Nous avons toute la nuit , alors oui , avec plaisir” répondis-je . Le serveur nous tend alors la carte , ouvert à la page des cocktails.

Puis , me tournant vers toi pour capter ton regard , je te dis “Ce soir , j’aimerai que tu choisisses aussi bien pour moi que pour toi. j’ai envie de voir comment tu me perçois” 

“Très bien P , commençons par les cocktails alors …” me réponds tu un peu surprise de cette invitation puis , te rappelant du sms , tu souris… “tu avais prévu ça depuis le début…” 

je ne réponds rien et me pare d’un sourire taquin, heureux de cet instant de complicité.

Tu feuillettes la carte lentement, du bout des doigts, comme si tu effleurais déjà des promesses. Ton regard s’attarde sur les descriptions, puis glisse vers moi, furtivement. Tu cherches une réaction, une esquisse de sourire, un froncement de sourcil, n’importe quel indice. Mais je reste impassible.

« Pour moi… ce sera le Velours Rouge. »
Ta voix est douce, assurée.
Tu lèves à peine les yeux, comme pour vérifier si je comprends.
Je penche la tête. « Intéressant… »
Tu ne réponds rien, mais ton sourire trahit ta satisfaction.

Tu reprends la carte. Cette fois, c’est pour moi. Tu hésites un instant, tapotes la page du bout de ton ongle. Puis tu te redresses un peu.
« Et pour toi… Orage épicé. Ça te va ? »
Je te fixe un instant, volontairement silencieux, avant de répondre d’un ton calme :
« C’est audacieux. Mais j’aime ça. »
Tu hoches la tête, très légèrement, presque solennellement.

Le serveur revient avec les verres, qu’il dépose avec élégance devant nous. Deux compositions sublimes, parfaitement distinctes : le tien est rose laiteux, orné d’un pétale givré. Le mien, sombre et ambré, libère déjà ses notes épicées.
Entre les deux, une assiette d’amuse-bouches colorés : chips de maïs croustillantes nappées d’une mousse d’avocat onctueuse, surmontée de copeaux de noix de cajou au curry. L’ensemble est délicat, presque irréel.

« Je peux prendre votre commande ? » demande-t-il d’une voix discrète.

Tu redresses la tête. Ta posture change. Tu prends un souffle, te redresses, et dans un ton clair, presque cérémoniel, tu énonces :

« Pour moi, ce sera l’Œuf fermier, ensuite le Filet de loup rôti… et pour finir, la Panna cotta au lait d’amande. »
Tu marques une pause, juste ce qu’il faut.
« Et pour Monsieur… la Dégustation de poissons marinés, suivie des Saint-Jacques, et le Dôme au chocolat noir. »
Le serveur hoche la tête, prend note sans sourciller.
« Voudrez-vous du vin pour accompagner ces plats ? peut être un blanc pour accompagner harmonieusement ces plats ? »
« Du Champagne plutôt. Pour accompagner tout le repas. »
Tu réponds sans hésitation, sûre de toi.

Il s’éclipse. Et dès qu’il est hors de portée, tu te tournes vers moi.
« Alors ? Ais-je fait les bons choix ? »
Je ne réponds pas tout de suite. Je te fixe, savoure cette assurance nouvelle que tu t’autorises. Puis je souris, doucement.
« Parfaitement. »

Tu te détends. Ton épaule s’abaisse, ton sourire s’élargit. Tu lèves ton verre.
« À quoi trinque-t-on ? »
Je lève le mien.
« Au plaisir. »
Nos verres s’entrechoquent dans un tintement discret.

Tu prends une chips de maïs, la tiens entre deux doigts, la regardes un instant… puis, lentement, tu en glisses l’arrondi sur ta langue. Ton regard reste accroché au mien, provoquant, mutin. Tu l’avales d’un coup sec, comme une promesse croquée, puis tu éclates de rire.
« Tu fais cette tête sérieuse… mais je te vois, hein. »
« Tu joues. »
« Toujours. »
Je secoue la tête, amusé.
« Et tu gagnes souvent ? »
Tu hausses les épaules, ton sourire devient plus félin.
« Ce n’est pas tant une question de gagner. J’aime sentir les regards se poser sur moi… le tien, bien sûr. Mais pas seulement. »
Tu te penches à peine, comme pour me confier un secret.
« Le serveur, tout à l’heure, il n’a pas pu s’empêcher de regarder mon décolleté. Et cette femme, là-bas, deux tables plus loin… elle m’a lancé un regard que j’ai adoré. Tu l’as vue ? »
Je hoche lentement la tête.
« Tu lui as répondu. »
« Oui. En décroisant les jambes, exprès. Juste assez pour qu’elle aperçoive le haut de mes jambes… C’était délicieux car son regard brulait d’en voir plus.. »
Tu fais une pause, puis plantes ton regard dans le mien.
« J’aime être désirée. Et j’aime, tout particulièrement, quand c’est toi qui me désires. J’aime te faire de l’effet. Et savoir que ta queue est dure à cet instant précis… me plaît énormément. »

Tu ne souris pas. Tu constates. Tu affirmes. Et tu le fais avec cette maîtrise tranquille qui te rend incandescente.

Puis, comme si rien n’était dit, tu tends lentement la jambe sous la table. Ton pied glisse, cherche, trouve. Et vient se poser tout contre mon entrejambe, délicatement.
Je ne bouge pas tout de suite. Je te regarde. Tu respires un peu plus vite.

Tu ne dis rien. Tu te contentes de tendre lentement la jambe sous la table. Tes gestes sont lents, maîtrisés, précis.
Et soudain, je sens la pression délicate de ton pied, posé contre mon entrejambe. Ton talon effleure, puis s’ancre. Tu ne bouges plus.

Je te regarde. Tu me regardes.
Tu sais exactement ce que tu fais. Et tu sais encore mieux ce que ça me fait.

Sans un mot, je glisse ma main sous la nappe. Je saisis ton pied avec douceur. Tes orteils sont déjà un peu tendus, comme si tu anticipais la suite.
D’un geste lent, presque cérémoniel, je t’ôte ta chaussure. Elle glisse sans résistance, dans un léger frottement de cuir contre peau.
Tu inspires légèrement.

Je garde ton pied dans ma main, et je le masse, lentement.
La voûte d’abord, du bout des doigts, avec patience. Puis le bord interne, plus sensible.
Ton talon reste là, appuyé, contre moi. Juste là où tu peux sentir.
Et moi… je sens tout autant.

Ma queue est dure.
Elle bat doucement contre le tissu, prisonnière frustrée d’un désir silencieux.
Et toi, tu le sens aussi. Tu le sais.
Tes yeux se plissent d’un plaisir malin. Tu mordilles l’intérieur de ta joue pour ne pas sourire trop fort.
Ton bassin ondule à peine sur la chaise.
Un frisson parcourt ta jambe, que je ressens jusque dans ma paume.
Je continue, lentement.
Chaque pression est une caresse, chaque point que je touche devient une zone érogène.

Tu prends ton verre de champagne. Mais au lieu de boire, tu le fais tournoyer doucement.
Tes yeux sont brillants.
Tu souffles à peine :
« Tu vas me faire jouir avec un massage de pied maintenant ? »
Je hausse un sourcil.
« Ce n’est pas impossible. Mais j’aimerais que tu gardes un peu de souffle pour la suite. »

Le ton change légèrement. Il devient plus profond, plus intime.
Je me penche vers toi.
« Et si je te demandais ton souvenir le plus intense ? »
Tu n’hésites pas une seconde.
« Le concert. »
Tes yeux brillent.
« Cette foule. La musique. Le moment où je t’ai senti derrière moi, où je ne voyais plus rien ni personne, sauf ton souffle. Ce moment où je savais que tu me touchais, sans que personne ne s’en doute. C’était… »
Tu cherches le mot.
« Puissant. Et libre. J’adore être à la vue de tous. »

Avant que je puisse répondre, le serveur revient avec les entrées.
Et là… silence.  Nos regards descendent sur les assiettes. Chaque plat est une œuvre d’art. L’œuf trône au centre, nappé de son espuma immaculée, entouré de touches sombres de balsamique et de fragments brillants de jambon. Sur l’autre assiette, les poissons marinés jouent sur la transparence, les reflets, les épices.
Un parfum subtil s’élève, enveloppant la table.

Je te regarde. Tu me regardes. Et soudain, le monde s’efface.

Tu plantes ta fourchette dans l’œuf avec une lenteur presque religieuse. La lame le tranche sans résistance. Le jaune coule doucement, paresseusement, se mêlant à l’espuma blanche et tiède comme une caresse soufflée. Tu observes un instant l’assiette, puis portes la bouchée à ta bouche.
Tu fermes les yeux une seconde. Tu savoures. Et je te regarde.

Devant moi, les filets translucides des poissons marinés dansent dans l’assiette comme une collection de promesses iodées. Je saisis un morceau de thon nappé de sésame, l’approche de mes lèvres sans te quitter des yeux. Puis, sans un mot, ma main libre descend sous la nappe, retrouve ton pied toujours nu, toujours à moi.

D’une pression lente, mes doigts guident ton talon, puis l’appuient fermement contre mon sexe.
Tu lèves les yeux au même moment, la bouche encore entrouverte par ta dernière bouchée.
Je croque dans le poisson, mastique lentement, comme si je dégustais ton trouble.
Ton souffle s’accélère, mais tu restes droite, maîtrisée. Ton regard, lui, crie.

Tu déposes délicatement ta fourchette, prends une gorgée de champagne, comme pour reprendre contenance. Puis tu me fixes.
« Et toi… ton souvenir le plus intense ? »
Je ne réfléchis même pas.
« Tout ce qu’on a pu faire au bord de la piscine. »
Tu penches la tête, un sourire au coin des lèvres. Je poursuis.
« Non pas que te partager avec Julie, ou Damien et Clara, n’était pas excitant… loin de là… »
Je marque une pause, je veux que tu entendes chaque mot.
« Mais ce n’est rien, rien comparé au fait de t’avoir pour moi. Entière. Offerte. Ivre de jouissance. Baignés tous les deux par le soleil, la peau encore mouillée de nos ébats aquatiques… Ton corps contre le mien, l’eau glissant sur tes seins, le sel sur ta peau… »
Je baisse un peu la voix.
« Je pourrais mourir dans ce souvenir. »

Tu ne dis rien. Mais ta gorge se soulève. Ton pied se tend contre moi.

Le serveur revient, presque en silence, comme s’il pressentait que le charme ne doit pas être rompu. Il débarrasse les assiettes, s’incline, s’éclipse.

Quelques minutes plus tard, il revient avec les plats principaux.
Le filet de loup est parfaitement rôti, la peau croustillante, la chair nacrée.
Les Saint-Jacques, de mon côté, brillent comme des perles dorées sur la crème brûlée de poireaux, nappées d’un corail lumineux. C’est presque trop beau pour être touché.

Tu me lances un regard espiègle.
« Je peux goûter le tien ? »
Je tends l’assiette.
« Non. Comme ça. »
Tu tends la main. Je comprends. Je coupe une bouchée, la plante sur la fourchette, et la lève à hauteur de ta bouche.

Tu la prends lentement, les lèvres s’ouvrant sur l’acier poli. Ta langue frôle mes doigts. Puis tu fermes les yeux, mâches avec lenteur.
La fourchette ressort doucement d’entre tes lèvres, brillante, tiède.

Tu l’essuies d’un regard.

Et je bande encore un peu plus.

Je te regarde savourer ton plat avec cette grâce appliquée qui te rend presque insolente. Chaque mouvement est lent, précis, comme si tu t’offrais à toi-même un plaisir à multiples étages.
Je pose ma fourchette, croise les bras sur la table.
« Tu as divinement bien choisi. »
Tu relèves les yeux, un éclat dans le regard.
« J’en suis fier, tu sais. Que tu sois là. Que ce soit toi. »

Ton sourire se fait plus doux.
Je poursuis, ma voix plus basse :
« Ce collier… il est magnifique sur toi. Et cette chaîne de cheville… »
Je marque une pause, mon regard glisse lentement sous la table, revient te capturer.
« C’est une charmante addition. Tu sais à quel point j’apprécie le souci du détail que tu mets dans chacune de nos… sex-capades. »

Tu hausses légèrement un sourcil, amusée par le mot, mais touchée par le fond.
« J’ai hâte de voir à quel point tu t’es préparée ce soir. »
Mon regard insiste, s’attarde un peu trop sur ta bouche, puis descend à nouveau, invisible, sous la table.
Je brûle.

Tu souris. Lentement. Comme si chaque mot l’enveloppait d’un frisson.
Tu coupes une bouchée de ton plat, la porte à ta bouche, mastique tranquillement. Puis tu replies doucement ta jambe, glisses à nouveau ton pied contre moi.
La pression est légère, mais précise, comme une caresse qui sait où elle veut aller.
Tu masses lentement le contour de mon sexe à travers le tissu.
Et tu souffles :
« Merci pour le compliment… mais tu sais que j’adore me perdre dans ces instants-là… Ceux où je peux juste… être moi. »
Ton regard est droit, ouvert. Il ne demande rien. Il offre.

Je souris à mon tour.
« Le simple son de ta voix suffit à éveiller mon désir. »
Je prends une gorgée de champagne.
« Alors quand on y ajoute tes yeux, tes lèvres… et ton corps… C’est un poème. Érotique. Et enflammé. »

Tu ris doucement. Mais tes joues se teintent légèrement. Tu ressens. Tu es là, entière.

Les assiettes sont vides.Mais la faim, elle, est toujours là.

Nos regards sont torrides, suspendus. Le petit jeu sous la table ne s’est jamais interrompu. Ton pied, toujours nu, dessine des cercles lents contre ma cuisse.
Puis, d’un geste étudié, tu saisis ta flûte de champagne. Tu joues avec. Tu fais tournoyer le liquide.
Tu l’approches de ta bouche, y verses la dernière goutte, lentement, sur ta langue tirée. Puis tu tends le verre vers moi.
Sans un mot, juste en jouant du regard ,je comprends , saisis la flûte et la remplis à nouveau.

Le serveur revient. Toujours aussi discret. Il débarrasse les assiettes, nettoie la table avec une efficacité silencieuse, presque complice.
Quelques instants plus tard, il revient avec les desserts et dans une chorégraphie qu’on dirait répétée mille fois il dépose devant toi une assiette d’un blanc éclatant, sur laquelle trône un soufflé glacé d’une teinte or pâle, rehaussé d’un voile de mangue translucide et de copeaux de noix de coco grillée. Puis il dépose devant moi un dôme parfaitement noir, lisse, brillant, presque trop parfait pour être réel.

Tu observes chaque geste, comme si tu assistais à un rituel sacré.

Le serveur incline légèrement la tête. Il tient une petite louche.
Il s’approche de ton dessert, et dans un geste précis, il y verse une liqueur ambrée.
Une flamme s’allume. Douce. Bleutée.
Le soufflé s’embrase quelques secondes.
Et toi, tu ne bouges pas. Tu regardes la danse du feu, fascinée.

Puis, avec un éventail noir orné du monogramme du restaurant, il éteint la flamme dans un mouvement lent et circulaire. La fumée qui s’élève sent la vanille chaude, la mangue caramélisée, et une pointe d’alcool discret.

Sans un mot, il se tourne vers moi.
Une petite carafe fumante dans une main, il incline le récipient au-dessus de mon dôme chocolaté.
Le liquide sombre s’écoule lentement.
Un chocolat chaud, brillant, épais… parsemé de grains noirs que je devine être du poivre de Sichuan.
Le dôme fond doucement, s’ouvre comme une fleur noire dévoilant son cœur coulant.
L’odeur est enivrante.

Il recule d’un pas, nous adresse un discret hochement de tête en nous souhaitant bon appétit , puis s’éclipse à nouveau, nous laissant seuls avec ces œuvres sensuelles et éphémères.

Tu piques délicatement dans ton soufflé glacé, ramènes à ta bouche cette bouchée fumée et sucrée, encore tiède de l’embrasement.
Je t’observe savourer. Tu fermes les yeux une seconde, et ton soupir est presque inaudible, mais il me traverse. Je sais exactement ce que ce dessert réveille en toi.

De mon côté, le chocolat noir coulant glisse sur ma langue, suivi aussitôt du choc poivré qui explose à l’arrière de mon palais.
C’est violent et doux, noir et lumineux, glacé et brûlant.  Je mâche lentement, le souffle court. Ce n’est pas juste un dessert. C’est une annonce.
Je te regarde. Et pour la première fois de la soirée, je laisse mon désir transparaître sans masque.

« Tu sais… pour chaque plat, chaque boisson que tu as choisis ce soir… »
Je fais tourner ma flûte de champagne, sans la quitter des yeux.
« … tu as défini les règles du jeu. »
Tu fronces doucement les sourcils, une étincelle d’amusement dans les pupilles.
Je continue, calmement, presque comme une confidence.
« Chacun de tes choix a un sens. Une correspondance. Et quand nous passerons le seuil de l’appartement… tu comprendras. »

Tu souris, mais ton regard change. Il devient plus intense. Tu sens que je ne plaisante pas.

Je sors mon téléphone, l’ouvre d’un geste fluide.
Je te tends l’écran.
Dessus, une image.
Une robe déshabillée en dentelle noire magnifique et pourtant presque invisible. Entièrement transparente.
Le tissu épouse chaque courbe d’un mannequin sans rien masquer. Une promesse portée à même la peau.
« Voilà ce que représente ton choix du champagne. Cette robe t’attend. »

Tu restes un instant sans voix. Puis tu murmures :
« Et je devrai… la porter ce soir ? »
Je hoche lentement la tête.
« Je veux te voir. Te voir vraiment. Te dévorer du regard. Et comme toujours… que tu te laisses porter. »

Ton souffle se suspend. Tes joues se parent d’un rouge léger mais tu ne détournes pas le regard.Tu m’appartiens déjà. Et pourtant, je ne me lève pas. Je ne t’arrache pas à cette chaise, ni à cette salle alors que c’est ce que nous voulons tous les deux depuis de longues minutes.
Je veux que ce moment soit complet. Je veux que, comme quand je te donne du plaisir, rien ne soit précipité. Tout doit être savouré. 

Sentant cette impatience dans ton regard , je pose ma main sur la table, paume ouverte et dit
« Mais je t’autorise… à te caresser. Discrètement. Ici. Maintenant. »
Un sourire naît au coin de mes lèvres. « Tu peux jouer. Mais le silence est la règle. »

Tu ne réponds rien. Tu inspires doucement. Tu ajustes ta posture, ton dos plus droit.
Ton regard se pose sur ton assiette encore à moitié pleine. Puis sur moi.

Tu commences par pincer ton téton à travers le tissu, un geste invisible pour tous sauf pour moi.
Puis ton pied, revenu contre ma cuisse, s’active lentement, avec douceur et autorité.
Ma mâchoire se crispe, imperceptiblement.

Tes cuisses s’écartent , tes doigts glissent,  lentement , ous la table.
Tu respires plus fort, mais sans bruit , ton regard ne quitte pas le mien , et moi… je ne respire presque plus.

Tu t’abandonnes , lentement , ton visage ne change pas, mais tes yeux… eux, se dilatent.
Et moi, je sais : tu viens , en silence , pour moi seul.

Tu es divine et dans mon regard on peut lire autant de fierté que de désir.

Nous restons ainsi quelques secondes. Suspendus. Le monde autour existe à peine.

Puis tu redresses lentement la tête, finis ton dessert, reposes ta serviette avec une élégance calculée.
Je me lève, viens de ton côté, te tends la main pour t’aider à te lever. Et dans un geste apparemment galant, j’approche tes doigts de mes lèvres pour un baiser.
Mais en réalité… je hume et devine sur ta peau, la trace de ta jouissance.
Et mon sourire s’étire, aussi grand que l’érection que je retiens depuis trop longtemps.

Nous traversons la salle.
Nous réglons l’addition.
Je laisse un pourboire généreux. Le serveur, toujours d’une discrétion parfaite, hoche la tête comme s’il comprenait tout sans jamais rien dire.

Quelques minutes plus tard, je t’ouvre la portière.
Tu entres dans la voiture et nous partons en direction de la maison que j’ai loué , le parfum de ton plaisir emplissant l’habitacle tandis que tu ne me quittes pas des yeux , guidant ma main jusqu’à ta chatte , bien évidemment trempée de désir elle aussi…


Nous entrons dans la maison , nous embrassant toujours plus sensuellement , laissant nos mains silencieusement exprimer l’envie irrépressible de toucher , caresser , sentir l’autre..
Je t’emmène jusqu’à la chambre et sors la robe de l’armoire avant de la poser sur le lit. Tu la regardes. Tu souris. Elle est encore plus belle que sur les photos et après m’être glissé dans ton dos , je t’aide à enlever la robe déjà magnifique que tu as porté pendant le repas et si l’envie de profiter de ta peau me brûle l’âme , je te laisse enfiler le déshabillé et me recule de quelques pas…

Et quand tu es là, devant moi, offerte, à peine vêtue de lumière , je ne dis rien. Je te regarde. Je t’admire.

Et pour une fois, je me tais , me contentant de t’enlacer délicatement et de déposer mes lèvres sur ta peau car je ne peux plus retenir mon envie de toi…

#